Mon avis sur Researchgate

logo de researchgateAujourd’hui, une fois n’est pas coutume, je vais parler boulot. Un peu. Voici mon avis sur Researchgate (mon profil), un réseau social professionnel pour les scientifiques.

Comme tous les chômeurs et les travailleurs précaires le savent (intuitivement ou grâce à diverses formations), pour trouver sa pitance de nos jours, il vaut mieux soigner son réseau professionnel : pour être visibles aux yeux d’éventuels employeurs ou tout simplement avoir accès au marché caché de l’emploi (les offres qui ne passent pas par une annonce). C’est pour profiter de ces besoins qu’on été créés les fameux réseaux sociaux dits professionnels que sont LinkedIn (mon profil) et Viadeo (mon profil). Le premier étant plutôt international et le second franco-français.

Dans le domaine de la science (en biologie mais je me doute que ce doit être la même salade pour les autres sciences), l’établissement d’un réseau professionnel est vital et pas seulement pour les précaires : même s’il y a indéniablement une concurrence entre laboratoires (pas seulement internationale, pas seulement nationale mais parfois aussi au sein d’une même institution voire d’un même bâtiment), la recherche est basée sur l’échange d’informations (échanges de trouvailles pour qu’untel n’ait pas à refaire une recherche qui a déjà été faite et pour enrichir le corpus de connaissances), échanges de compétences (pour venir à l’aide d’un collègue dans la difficulté mais surtout pour mutualiser les moyens, partageant ainsi les tâches d’un gros projet qu’un chercheur isolé ne pourrait pas mener tout seul).

C’est tellement vital pour un laboratoire que parmi les critères d’embauche pour des postes fixes, le réseau que s’est constitué le candidat pendant sa précédente carrière est primordial. Je développe.

Ce qu’on appelle la fuite des cerveaux pour le commun des mortels est en partie un abus de langage dans le domaine scientifique : s’il y a effectivement des gens qui partent à l’étranger et qui n’en reviennent pas, pour les autres, il faut plutôt voir cette courte carrière à l’étranger comme une sorte de compagnonnage. On a beau avoir un BAC+8 et le titre de docteur, être spécialisé dans un domaine très pointu, le jeune docteur doit encore faire ses preuves pour être considéré en tant que tel. Parce qu’il ne maitrise pas forcément à fond tous les aspects des techniques qu’il a utilisées pendant ses travaux de thèse, parce qu’il est loin de maitriser le domaine de la biologie pour lequel il a pourtant été diplômé (c’est le travail de toute une vie ou au moins d’une décennie) mais peut-être aussi parce qu’il n’a eu le « déclic » pour la recherche que tardivement (pendant ces 8 années d’études, on est longtemps un étudiant, un récipiendaire de connaissances, les 3 dernières années sont l’occasion de prendre du recul pour exploiter ses connaissances et ses acquis en méthode de travail pour devenir un producteur de connaissances, professionnel qui plus est. Tout le monde n’arrive pas à prendre ce recul au cours de ces 3 années, à acquérir la confiance en soi nécessaire. Certains n’y arrivent jamais même avec le titre de docteur en main). La période dite postdoctorale (postdoc) est donc l’occasion pour le jeune docteur de confirmer sa vocation ou d’en changer. Mais pas seulement. Ce qui titille l’employeur, qui appâte le jury de concours de la fonction publique, ce ne sont pas seulement les connaissances et compétences acquises mais surtout le réseau professionnel que le jeune docteur a pu constituer : des chercheurs devenant ainsi plus facilement accessibles pouvant proposer nouvelles compétences, nouvelles connaissances, matériel autrement inaccessible, meilleure visibilité, accès à d’autres réseaux, etc. Une nouvelle recrue enrichit ainsi son laboratoire d’accueil du réseau de relations qu’il a constitué auparavant (et qui dépasse souvent le cadre scientifique soit dit en passant).

Le scientifique se sert traditionnellement des congrès et divers séminaires pour réseauter : on assiste à des conférences présentant les travaux d’untel, on discute avec lui de ses travaux cacahuètes et whisky-coca à la main et on s’envoie ensuite des emails pour planifier une réunion pour le futur projet commun, etc. Complémentairement à cet espace de rencontres, il y a donc l’utilisation de réseaux sociaux professionnels qui se sont développés ces dernières années (en réaction à Facebook réservé à la sphère privée ?). Je parlais plus haut de Viadeo, le réseau français qui est parfois très actif selon le domaine concerné : je n’y ai que quelques collègues qui s’y sont perdus et dont les profils végètent à l’instar du mien alors que d’autres qui travaillent par exemple dans le secteur Marketing reçoivent des offres de chasseurs de tête plusieurs fois par mois. Je pense que ce doit être « The Place To Be » quand on bosse dans le tertiaire. LinkedIn a une vocation plus internationale et c’est probablement pour ça que j’ai pu retrouver là-bas bon nombre de mes collègues et anciens collègues. Malheureusement, ces sites partagent les mêmes défauts : ils sont encore trop généralistes, trop payants, ont un système de liste de contacts old-school (cf. Facebook) au lieu de liste de followers qui n’engagent à rien (cf. Twitter ou Diaspora*), sont pourris de diverses sortes de spam (soit par emails, soit des sujets de discussions bidons pour attirer le chaland sur un blog ou autre). Il n’y a finalement pas tant d’intérêt que ça à s’y maintenir au-delà d’un profil qui fait office de CV.

Researchgate propose autre chose, je vais essayer de détailler ce que j’ai apprécié (ou non)  :

Liste de contacts flexible : Comme sur Twitter ou Diaspora*, on se contente de suivre nos contacts préférés. Nos collègues et autres connaissances mais aussi les chercheurs avec qui on n’a pas eu de contact mais dont on veut suivre la production scientifique et/ou le parcours professionnel. Pas besoin d’avoir une confirmation de l’autre. On peut aussi bloquer qui on veut mais dans la mesure où il n’y a pas d’informations confidentielles qui sont diffusées, je trouve ça un peu puéril…

Populaire parmi les scientifiques : Ca parait un peu vain comme argument mais on est bien d’accord que la force d’un réseau social ce n’est pas forcément les atouts techniques qui sont proposés mais l’ampleur et la nature de la communauté qui le peuple. On a bien l’exemple du réseau Diaspora* qui a beaucoup pour plaire mais qui est dépeuplé donc inutilisable pour un réseau optimal. Personnellement, c’est sur Researchgate que j’ai retrouvé le plus de collègues. La grande majorité de ceux qui n’y sont pas ne sont pas non plus sur les autres réseaux professionnels (probablement parce qu’ils sont allergiques au concept).

Accès à la bibliographie : En fait, le squelette de ce réseau social n’est pas la communauté scientifique mais la communauté des auteurs de publications scientifiques. Ces publications forment donc l’architecture du système. Pour chaque profil, nous avons accès aux publications scientifiques (et conférences) relatives à cette personne et à côté de ça, il y a bien sûr un moteur de recherche pour trouver les publications d’intérêt. Pour les revues qui fonctionnent en Opendata, on a la plupart du temps directement accès au fichier PDF (mais on peut l’avoir ailleurs, comme depuis Pubmed ou le site de l’éditeur, ce n’est pas un exploit) et pour les revues qui ne sont pas en Opendata, les auteurs peuvent prendre l’initiative (illégaaaaale !!!) de mettre quand même les articles en téléchargement. Sinon, plus intéressant encore, on peut demander en un clic (et sans blabla) aux auteurs de nous envoyer directement le pdf en message privé. Les institutions publiques comme l’INRA et le CNRS proposent à leurs employés l’accès à plein d’abonnements mais ça ne concerne que 90% des éditeurs (chiffre arbitrairement choisi pour signifier qu’ils n’ont pas accès à tout). Il arrive qu’on ait besoin d’un article publié dans une revue un peu confidentielle (ou qui n’existe plus) et on a alors toutes les difficultés à l’obtenir. Il existe un groupe sur Facebook où n’importe qui peut demander aux autres membres de leur filer tel ou tel article mais dans ce groupe non plus, on n’a pas forcément accès à tout. Research Gate est sérieusement un Gmoyen complémentaire et facile d’utilisation pour accéder à tout type de publication scientifique. C’est à mes yeux un des avantages les plus importants du réseau (parce que j’ai eu accès à une poignée d’articles impossibles à avoir alors que j’ai pourtant accès à des abonnements institutionnels et au fameux groupe Facebook). Dans la vraie vie, il existe un moyen ultime pour avoir une publication, c’est de demander directement à l’auteur principal (le « corresponding author » comme on dit) mais ça implique souvent de se présenter, de se justifier, de sortir l’arsenal adéquat de politesse (pas le même si on a affaire à un américain ou un allemand…) ce qui peut en rebuter certains au point de ne se lancer dans cette démarche que pour les articles « vitaux ». Sur Researchgate, c’est l’affaire d’un clic.

Communauté Researchgate riche et réactive : il y a donc beaucoup de monde et un système de questions/réponses (Q/A) un peu comme sur Ask.fm. On peut s’abonner à des sujets (topics) et aux questions qui y sont associées. Si on choisit un topic un peu généraliste, ça devient vite n’importe quoi et si au contraire on choisit un topic un peu confidentiel, c’est le désert. Mais de toute manière, on peut naviguer dans les topics et les Q/A auxquels on n’est pas abonné. Il y a une fonctionnalité qui présente à mes yeux un très fort potentiel mais je doute qu’elle soit utilisée : on peut discuter autour d’un article ! Je trouve que c’est une fonctionnalité qui manque dans le monde scientifique du moins dans la biologie : l’aspect Web 2.0 qui permet de pouvoir commenter/réagir/se renseigner à propos de tel ou tel point abordé dans une publication. Actuellement, les échanges ont surtout lieu lors des conférences et par email, il y a une limitation dans le temps (10 min de questions) et l’espace (il faut être à la conférence) ou au niveau du public (l’email, c’est du peer to peer…et on partage pas l’échange avec d’autres). Cette fonctionnalité est donc l’opportunité d’avoir des précisions et de les partager avec ceux que ça pourrait potentiellement intéresser dans le futur mais elle permet aussi de mettre en avant certains questionnements : j’imagine bien des échanges autour de l’article de Seralini (celui qui a fait bouffer du maïs roundup à des souris) avec des réponses de Seralini ou le reste du staff voire les éventuels collaborateurs. J’imagine aussi des tas de digressions sur telle ou telle hypothèse abordée dans tel article : avec des gens qui ne vont pas forcément aux conférences adéquates ou qui viennent soulever un point bien après la publication de l’article. Franchement, je suis persuadé que faire de la science sans interactivité sur le net, c’est se mettre une balle dans le pied (ou plutôt un boulet à la cheville). Il y a un hic cependant : normalement, quand une publication est acceptée dans une revue, les résultats et hypothèses abordées sont quasiment entérinées pour la postérité. Un système d’interactivité tel que celui que propose Researchgate est une atteinte à ce pantouflage institutionnalisé et je soupçonne que si elle n’est pas trop utilisée en ce moment, c’est à cause de ça : « tu ne me poses pas de question gênante, je ne t’en poserais pas non plus » mais je reste persuadé qu’un jour où l’autre, la barrière mentale sera franchie. Pour le bien de tous.

Gratuité : y a rien de directement payant ni d’option ou abonnement premium à la con comme Viadeo ou Linkedin.

Visibilité des thèses : Un doctorant produit des publications scientifiques mais plus souvent un gros manuscrit qui n’est normalement lu que par quelques initiés (collègues du labo de thèse et quelques collègues de collègues). RG permet de publier les thèses et les rendre accessibles pour tout un chacun. Avantage certains pour ceux qui ont publié en anglais.

Pour l’instant, je ne vois pas d’autres points forts (ou du moins qui ne tiennent pas du simple gadget). Voici les points noirs :

Notifications trop abondantes : il y a plein de types d’alertes email activées par défaut (pour nous fidéliser et nous faire venir plus souvent, faire du clic). Mais on peut les désactiver plus facilement que sur un compte Facebook (et c’est respectueux de ces choix).

Business model un peu foireux : Si j’ai bien compris, c’est basé sur la publicité avec des encarts ici et là et sur le service lié aux offres d’emploi. Les pubs, c’est has been qu’on le veuille ou non (grâce à Adblock, Trueblock et compagnie) et payer pour promouvoir une offre d’emploi, seuls les plus riches institutions peuvent le faire. Je ne sais pas si c’est très porteur et je me demande donc si les revenus de Researchgate ne proviennent pas essentiellement de cette fameuse publicité. Et comme je suis persuadé que ce n’est pas durable, je pense qu’ils monétiseront probablement leur site d’une autre manière à plus ou moins long terme.

C’est centralisé : C’est comme Facebook, si t’es pas content des conditions d’utilisation, tu pars. Etant donné que c’est un site allemand et que les allemands semblent marcher les mains dans la main avec le NSA d’après les développements post-Snowden, ça signifie que les messages privés sont potentiellement « espionnables ». Ce n’est donc peut-être pas le meilleur endroit pour aborder les recherches sur le nouveau projet de brevet de l’équipe. Ceci dit, je pense que ce genre de site est indispensable pour la communauté scientifique (et pour les amateurs de sciences) et s’il est amené à fonctionner aussi bien que je le pense, il fera des petits de type Diaspora*.

C’est élitiste : Je pense que le système n’est pas propice pour ceux qui n’ont pas de publication, c’est à dire pour les techniciens (qui sont pourtant tout aussi demandeurs de bibliographie), pour ceux qui font de la publication grise (même s’il y a moyen de transmettre sur RG les publications et jeux de données qui ne sont pas passés par un jury) et tout simplement pour les étudiants/passionnés autodidactes : Publish or perish, c’est la règle sur Researchgate. Personne n’ira répondre à mamie si elle décide de s’inscrire et de poser quelques questions ici et là.

C’est basé sur le facteur d’impact (Impact Factor pour les intimes) : Pour ceux qui ne connaissent pas le système, un scientifique publie ses résultats dans une revue à comité de lecture (qui valide ou pas si l’article est accepté pour publication). Dans un article, on cite nos sources (articles dans d’autres revues), chaque revue est notée en fonction du nombre de fois où ses articles sont cités. Chaque année, il y a la publication de cette notation : les facteurs d’impact par Thomson Reuters. Les biologistes du public sont notés (dans la vraie vie) en fonction du nombre de publications et de leur facteur d’impact. L’enjeu « quotidien » est d’avoir un résultat tellement inédit et d’une telle qualité qu’on puisse le publier dans une revue de renom. Researchgate a fait le choix de classer les membres de son réseau en fonction d’un nombre, le RG score, qui dépend beaucoup du facteur d’impact total des publications de chacun. Ca a de nombreux biais notamment parce que le facteur d’impact moyen d’un scientifique varie en fonction du domaine de prédilection : généralement les publications de médecine ont un facteur d’impact assez haut. Je sais qu’à l’INRA, il y a des coefficients différents en fonction des domaines d’application mais c’est un système interne à l’INRA. En plus de ça, j’ai cru lire qu’il y avait d’autres biais dans d’autres domaines : dans l’informatique, ce qui compte le plus apparemment ce sont les conférences et on ne publie généralement dans des revues que les résultats qui ne sont pas intéressants (j’ai lu ça là). Researchgate reproduit donc un biais majeur de l’évaluation du travail scientifique. Je me console en voyant qu’il y a d’autres critères mineurs qui peuvent changer la donne (participations aux Q/A, taille du réseau, liens avec co-auteurs, etc.) et surtout, ce site peut devenir un laboratoire dans le domaine en utilisant d’autres indices d’évaluation et d’autres opportunités de réseautage, d’autant plus facilement qu’il doit y avoir des chercheurs dans ce domaine qui participent au réseau ^^

Absence de blog : Contrairement aux autres réseaux sociaux de ma connaissance (Diaspora, Facebook, Twitter, Linkedin ou Viadeo), Researchgate ne propose pas de fil d’annonces personnalisées. Je ne sais pas si c’est un choix technique (ça doit bouffer des ressources sur le serveur) ou éditorial (parce que c’est aussi une source potentielle de spam). En tout cas, ça empêche de diffuser rapidement certaines informations et c’est d’autant plus dommage que ce genre de mur/blog permet est souvent l’occasion de se coordonner avec d’autres réseaux (Twitter pour ne parler que de lui). Je pense que je ne suis pas le seul à m’être posé la question et il faudrait que je fouille dans la zone Feedback pour voir ce qu’il en est.

En conclusion, j’ai trouvé dans ce site beaucoup d’éléments sympathiques qui ont déjà changé quelques trucs dans ma manière de fonctionner et je pense que les mauvais points de ce site ne sont pas rédhibitoires. Ce site a du potentiel et s’il capote, le concept du site est excellent. C’est parce que je le pense sincèrement que je me suis décidé à faire ce billet pour en faire la promotion. Je tiens à préciser que je n’ai rien reçu en échange d’un tel billet. J’invite les amateurs à y faire leur trou et à solliciter toutes les publications qui leur plaisent : la science n’est pas que l’affaire de professionnels, appropriez la vous.

Mise à jour du billet (25/10/2013) : Aujourd’hui, le vendredi 25 octobre de l’an de grâce 2013, j’apprends que Pubmed va lancer Pubmed Commons, un système qui va permettre de pouvoir commenter les articles scientifiques après leur publication. Le web 2.0 atteint enfin le domaine scientifique de manière plus sérieuse que ça ne l’était jusqu’à maintenant : parce que si Researchgate est effectivement  le réseau social scientifique le plus gros, Pubmed (avec Web of Knowledge de Thomson Reuters) est beaucoup plus sérieux au niveau de la base de données de publications. C’est à mes yeux un retournement de situation assez majeur. Reste à voir si ce système sera utilisé (comme je le dis dans le billet ci-dessous, si le système de commentaires de publications existe sur Researchgate, il n’est pas utilisé).

Cependant Researchgate a un avantage sur Pubmed : il est pluridisciplinaire alors que Pubmed est orienté Biologie. De plus, RG propose déjà un réseau d’interactions (avec les listes de followers, avec les questions/réponses) mais si ce n’est pas évident pour Pubmed, il y a déjà un embryon avec le profil My NCBI où on peut référencer ses propres publications. Pubmed a du retard mais il peut être relativement facile à rattraper : ils ont déjà fait le plus dur, accumuler 22 millions de publications (sans compter les données de Genbank et compagnie).

Reste une inconnue, Web of Knowledge avec son système ResearchID (profil de chercheur avec publications associées et compagnie) : ils sont encore plus puissants (et pluri-disciplinaires) que Pubmed au niveau de la base de données de publications scientifiques et plus avancés qu’eux en terme de profil individuels/création de réseau pro.

Je sens que ça va être la guerre dans les prochains mois et que Researchgate va se faire bouffer tout cru.